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26 avril 2016
Nouvelles

Entrevue : en quête d’un maître avec Stéphane Tétreault

Steve BergeronLa Tribune

Voilà bientôt un an que Stéphane Tétreault a terminé sa maîtrise en interprétation à l’Université de Montréal. En théorie, le prodigieux violoncelliste de 23 ans peut maintenant réaliser son rêve d’aller étudier en Europe… 

Sauf qu’il s’est donné une année pour, d’une part, passer des auditions afin de se faire connaître tant aux États-Unis qu’outre-Atlantique, et, d’autre part, « butiner » d’une classe de maître à l’autre et ainsi poursuivre sa formation sans arrêter la scène. Il est d’ailleurs à l’église Plymouth Trinity de Sherbrooke ce soir à 19 h 30, pour un concert en compagnie de la pianiste Marie-Ève Scarfone (avec qui il a réalisé un album l’automne dernier). Le tandem offrira un peu de Schumann, Brahms, Schubert et Pärt aux tympans estriens.

Pourquoi courir ainsi les classes de maître à l’international plutôt que tout de suite choisir un professeur?
D’un côté, je ne voulais pas cesser complètement les concerts (mon agenda est encore assez chargé), et de l’autre, cela me permet de rencontrer plusieurs maîtres, dans le but d’en trouver un avec qui j’aurai le plus d’affinités. Il faut savoir que ces professeurs travaillent généralement dans trois ou quatre grandes écoles ou universités différentes. Ils ne sont donc présents que quelques jours par mois. Les étudiants travaillent plus souvent avec les aides-professeurs (qui sont quand même aussi très qualifiés). Avec les classes de maître, je peux rencontrer plusieurs de ces grands violoncellistes, à une plus grande fréquence. J’ai notamment été accepté dans la classe de Gautier Capuçon, à Paris. Nous ne sommes que six violoncellistes dans le groupe et nous avons des sessions de quatre à cinq jours seulement, six fois dans l’année, mais j’y apprends vraiment beaucoup, tant du maître que de mes collègues. Je ne suis donc pas souvent au Québec en ce moment.

Est-ce que les enseignements de ces différents maîtres sont parfois totalement contradictoires?
Oui, souvent (rires)! Mon maître absolu, mon grand-père du violoncelle, celui qui m’a tout appris, est et sera toujours Yuli Turovsky. Mais en étudiant avec autant de personnes, je reçois tellement d’avis que je peux, ensuite, choisir ce qui me va le mieux comme interprétation ou idée musicale. C’est tout à fait correct, en musique, d’avoir des opinions contrastées. C’est ce qui rend la musique belle : on peut entendre la même sonate jouée de manières tout à fait différentes. On peut être d’accord ou non. L’important, c’est que la musique soit convaincante et ressentie.

Comment Marie-Ève et toi avez-vous eu envie de travailler ensemble?
Nous nous sommes rencontrés en 2012, grâce à des amis en commun, et nous nous sommes dit qu’il fallait absolument jouer ensemble un jour. Lorsque j’ai fait la tournée des Jeunesses musicales dans l’est du pays, j’ai tout de suite pensé à elle. Heureusement, elle était libre. C’est une musicienne formidable! Et accomplie! Elle travaille beaucoup avec les chanteurs, elle a même une formation de coach vocal (elle l’enseigne d’ailleurs à McGill). Sa connaissance des harmonies est extraordinaire et sa sensibilité et son écoute sont exceptionnelles. À Sherbrooke, nous allons jouer la Sonate « Arpeggione » de Schubert, qui se trouve sur l’album, mais nous jouerons une sonate de Brahms différente de celle du disque, soit une transcription de la première sonate pour violon.

Vous jouerez également Fratres, une pièce du compositeur estonien Arvo Pärt. Tu as d’ailleurs interprété la même oeuvre avec Charles Richard-Hamelin pour une vidéo d’ICI Musique. Connaissais-tu déjà ce compositeur?
Je l’ai découvert l’an dernier. Fratres est une pièce fabuleuse, qui réussit à aller chercher des couleurs formidables et à créer une ambiance, peu importe le lieu d’interprétation. C’est presque une prière religieuse. À la fin, on est quasi en transe.

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