Le violon, nouvelle génération
Caroline Rodgers, La Presse
Un invité spécial se joint au Concours musical international de Montréal (CMIM) cette année, alors que Maxim Vengerov est présent à titre de chef invité. Lundi soir, il retourne au violon le temps d’un concert tout Beethoven avec le violoncelliste Stéphane Tétreault, le pianiste Serhiy Salov et I Musici de Montréal, sous la direction de Jean-Marie Zeitouni.
Le trio jouera le Triple concerto de Beethoven tandis que la Septième terminera la soirée. Pour les épreuves finales du concours et le concert gala des lauréats, Maxim Vengerov dirigera l’OSM.
Pour cet enfant prodige qui a commencé sa carrière de soliste à 5 ans et enregistré son premier disque à 10 ans, les concours sont un élément essentiel de l’apprentissage des musiciens.
«Ce sont de grands événements, où les jeunes peuvent apprendre énormément de choses, dit-il. Quand on est participant, il faut pratiquer comme un fou! Cela fait en sorte qu’avant le concours, notre niveau s’améliore. Pour la finale, je vais diriger l’OSM et les finalistes. Je peux imaginer qu’ils seront nerveux, mais c’est bon pour eux! Il y a quelque chose de thérapeutique dans cette expérience.»
Pour ce passionné de l’enseignement, il est primordial d’encourager les jeunes talents. «Le fait de travailler avec des jeunes est un privilège. Quand on enseigne et qu’on donne des conseils, on n’a pas le choix de réfléchir très attentivement à l’essentiel pour dire exactement ce qu’il faut», ajoute-t-il.
La relève
Stéphane Tétreault n’en est pas à sa première collaboration avec Maxim Vengerov. En octobre 2010, il a été dirigé par lui à l’occasion d’un concert d’I Musici.
«C’était exceptionnel pour moi, je n’avais que 17 ans, et on s’est très bien entendus. Il est très accessible. Comme chef, il m’a vraiment aidé. Ce concert sera la première occasion où nous jouerons ensemble comme solistes», dit Stéphane Tétreault.
«Pour moi, le but premier n’était pas de gagner, mais d’avoir un moyen supplémentaire de m’inspirer et une occasion d’augmenter mon niveau. Car même quand on ne se rend pas en finale, il faut connaître ses concertos sur le bout des doigts.»
L’atmosphère des concours de musique est toujours exaltante pour les spectateurs, alors qu’ils spéculent sur les chances de gagner de leurs favoris. Stéphane Tétreault n’échappe pas à cette fièvre. Depuis l’âge de 10 ans, il a presque toujours assisté aux épreuves du CMIM.
«J’y allais avec Yuli et on parlait de nos candidats préférés», se souvient-il en riant. Le violoncelliste de 20 ans avoue que la perte de son professeur, le regretté Yuli Turovsky, en janvier dernier, a été un bouleversement.
«S’il y a un être qui a influencé mon univers musical plus que tout autre, c’est lui. Ça faisait plus de 10 ans que j’étudiais avec lui. Pour moi, ç’a été une perte très dure. Je n’ai pas touché au violoncelle pendant un certain temps et j’ai annulé beaucoup de choses. Mais j’ai recommencé, car je savais qu’il aurait voulu que je joue. Quand il est décédé, il ne me restait qu’une session à faire à l’Université de Montréal. J’ai terminé mon baccalauréat avec l’altiste Jutta Puchhammer. Il me reste maintenant mon examen de cinquième session qui a été reporté, et mon récital final, qui aura lieu le 27 mai.»
À l’automne, il part en tournée avec les Jeunesses musicales du Canada, où il donnera plus de 25 concerts dans l’est du pays. Par la suite, il envisage d’entreprendre une maîtrise, peut-être en Europe.
«Il y a quelques professeurs que j’ai rencontrés pendant des concours internationaux avec qui j’aimerais travailler, mais rien n’est encore fixé. Il est certain que j’aimerais étudier à l’étranger», dit-il.
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