Stradivatango

Le tango exige un équilibre délicat. L’étreinte particulière de cette danse sensuelle nécessite à chaque pas une confiance totale entre les partenaires : le temps d’un battement de cœur, les danseurs sont suspendus entre le passé et le présent, enivrés de vertige et de grâce. Le tango est une danse pour les funambules !

Le prince écarlate, qui ouvre la suite Stradivatango, est un hommage au violoniste Antonio Vivaldi (1678-1741), un pastiche de son écriture vertigineuse pour cordes. Dans le même esprit baroque, la Chaconne présente plusieurs déclinaisons d’un thème rempli de nostalgie. La Ballade est une chanson à deux voix, presque une berceuse. Avec sa métrique inusitée, La camarde a les élans d’une danse de la Toussaint. Dans Le souffleur, le bandonéon redevient l’harmonium qu’il allait remplacer au xixe siècle. La grive fait une révérence aux mélismes de Carlos Gardel (1890-1935), surnommé par ses admirateurs « El Zorzal ». Le compositeur Juan Carlos Cobián (1896-1953) fut un pionnier, le premier à intégrer dans le tango des harmonies impressionnistes. Les autres pièces de l’album font partie de notre répertoire de concert, qui remonte le sillage des courants esthétiques du tango au xxe siècle. Certaines, comme Por una cabeza et El choclo, sont des incontournables du genre ; d’autres mettent en exergue l’inventivité et la gravité d’Astor Piazzolla (1921-1992). Finalement, j’ai réorchestré certaines de mes mélodies les plus appréciées du public, qui, sous l’archet de Stéphane, prennent de nouvelles couleurs.

Denis Plante, composer
Translation by Traductions Crescendo