«Suite tango», Denis Plante et Stéphane Tétreault
Christophe Huss, Le Devoir
Pourquoi ne pas finir cette année plus amère que douce avec un CD sortant des sentiers battus et véhiculant ici et là, par sa mélancolie nostalgique, les relents du « Pourquoi tout cela ? » planant sur 2022.
Voici donc Denis Plante enrichissant le répertoire du bandonéon avec Six Suites de deux à quatre mouvements. Six, comme celles de Bach, en dialogue avec le violoncelle de Stéphane Tétreault. On aimerait dire : « Vous allez danser ! » Mais non. Vous allez penser à des ruelles mal éclairées, des murs qui s’effritent, à certains décors du Paris de Jules Maigret lorsqu’il était incarné par Jean Gabin.
La suite Argentina est dominée par cette oppression, alors que le « Canto » de la 2e Suite est une sublime épure. La 4e et certains passages de la 6e détonnent, comme des parenthèses. Mais, à l’image d’« Apache », qui conclut la 3e, ce projet est tout à fait remarquable : toutes ces compositions sont nouvelles, alors que nous avons l’impression qu’elles ont toujours été là, qu’elles nous sont naturelles.
C’est tristement lumineux. Poignant, même.
★★★★ 1/2
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